C’est dans les locaux tout neufs du nouveau campus de l’avenue Roger Devoucoux que s’est tenu le prestigieux Congrès des Anglicistes de l’Enseignement Supérieur. L’un des principaux organisateurs de cet évènement a été le Professeur Gilles LEYDIER que notre association avait eu le plaisir de recevoir en septembre dernier pour une conférence sur le référendum en Ecosse.
Par intérêt professionnel mais aussi en tant que président de FGB Toulon Var un tel rendez-vous ne pouvait être manqué, réunissant à Toulon beaucoup des meilleurs anglicistes de France, plus de 200 d’entre eux étant présents à ce rendez-vous. 25 Ateliers leurs étaient ouverts. Il est impossible de les citer tous mais quelques intitulés montreront la diversité des thèmes : Moyen-âge ; la nouvelle de langue anglaise ; littérature de voyage ; poètes, poésie et traductologie ; études filmiques ; anglais de spécialité ; Irlande ; femmes, sexe et genre ; musiques et cultures anglophones etc. Ces Ateliers proposaient plus de 200 communications d’une variété et d’une richesse qui faisaient regretter la nécessité d’un choix.
En complément à ces Ateliers deux tables rondes avaient été organisées le vendredi. La première portait sur « L’évaluation des unités de recherches en études anglophones : état des lieux, évolutions » et la seconde sur « Les enjeux de la professionnalisation des études supérieures »
Le thème du Congrès était « L’Engagement » (Commitment) sous ses divers aspects : littéraires, idéologiques, politiques, historique mais aussi linguistique et didactique.
Ce choix ne pouvait être mieux illustré que par le keynote speech (conférence inaugurale) donnée par Cairns CRAIG, professeur d’Irish and Scottish Studies à l’Université d’Aberdeen. Son titre révélait bien les préoccupations et interrogations actuelles : « The Settled Will : Parliaments, Referenda ans Scottish Cultural Politics ».
Qu’est-ce que cette « volonté établie » (Settled will) dont il est question ici ? Elle fait référence au processus d’autonomie renforcée (devolution) qui voit à parti des années 70 le Parti National Ecossais envoyer ses premiers parlementaires à Westminster. En 1979, le premier référendum portant sur l’autonomie écossaise voit le Oui l’emporter mais le nombre d’électeurs est trop faible pour qu’il soit validé. Le tournant capital eut cependant lieu en 1997 avec le Scotland Act qui vit la création d’un Parlement à Edimbourg et la possibilité pour le gouvernement écossais de lever les taxes.
Au début de cette décennie, John Smith le chef du parti Travailliste écossais (parti qui depuis longtemps dominait au nord du Royaume-Uni) avait parlé de « volonté établie » expression reprise au lendemain du référendum de septembre 2014 par le Premier ministre. Pour l’un comme pour l’autre cette autonomie renforcée était la « volonté établie » des Ecossais et ne pouvait s’accommoder de revendications plus nationalistes.
Mais après le référendum de 2014 et les élections de mai 2015 qui ont vu le large succès du Scottish National Party peut-on encore parler de « volonté établie » ? Ou faut-il désormais évoquer « une volonté non établie » conduisant l’Ecosse vers l’Indépendance ?
Ces questions (parmi d’autres thèmes) ont évidemment été abordées dans la très riche conférence du Professeur Cairns.
Quel sera l’avenir de l’Ecosse et restera-t-elle dans l’Union ? Un avenir assez proche sans doute nous le dira.
Comme indiqué plus haut, la multiplicité des Ateliers et la variété des informations rendaient le choix très difficile. En ce qui me concerne j’ai participé le jeudi après-midi à l’atelier « Etudes victoriennes et édouardiennes ». Les communications furent consacrées à divers champs de recherches : fiançailles, ruptures de mariage, enfants illégitimes à la fin de l’ère victorienne ; le développement du cyclisme avant 1914 ; Hanwell un modèle d’asile utopique au milieu de l’ère victorienne ; Charles Bradlaugh, homme politique britannique partisan de la sécularisation des institutions et de la libre-pensée. Et enfin sur les associations d’aide aux détenues entre 1856 et 1914.
Le matin du vendredi 5 juin je suis allé à l’Atelier « Pays de Galles ». Deux communications y ont été faites, la première sur l’utilisation de la langue galloise au Pays de Galles dans la période suivant l’autonomie renforcée (devolution) et la seconde sur l’engagement (« commitment ») du Pays de Galles vis-à-vis du Royaume-Uni.
Enfin le dernier jour du congrès, samedi 6 juin, j’ai pris part à l’Atelier consacré à l’Ecosse. Le thème en était : « L’engagement en Ecosse autour des enjeux de l’auto-détermination et de l’indépendance ». Ici aussi les communications furent denses et passionnantes portant sur la campagne du Oui lors du référendum de septembre 2014, sur la participation des milieux artistiques et du showbiz (« celebrities ») à ce référendum. D’autres communications s’attachèrent à analyser l’engagement des auteurs de théâtre mais aussi des écrivains dans la renaissance du Nationalisme écossais.
Ce congrès a souligné la vigueur des études anglo-saxonnes en France. Une association comme la notre dont l’objectif fondateur est une meilleure entente entre la France et la Grande-Bretagne ne peut que s’en réjouir et y trouver de nouveaux motifs à poursuivre inlassablement sa mission.
Bernard SASSO Juin 2015