Dans ce roman qui se déroule de nos jours en Australie, nous suivons le parcours d’Abby, étudiante en biologie qui étudie le comportement des kangourous dans une réserve naturelle des Alpes australiennes, une chaîne de montagnes située au sud de Canberra, et qui va faire deux rencontres décisives pour son avenir alors qu’elle est sur le point de terminer sa thèse.
D’abord, celle de Cameron, jeune journaliste issu des couches aisées de la société de Melbourne, qui prend contact avec elle lors d’un reportage qu’il effectue sur l’augmentation trop rapide de la population de kangourous dans cette zone et les problèmes qui en découlent : surpâturage, dégradation des milieux naturels, extinction d’autres espèces, ce qui pose le problème de la régulation de leur reproduction. Oui, mais de quelle manière ?
Puis celle de Daphné, une vieille dame qui a vécu toute sa vie dans une ferme avant que son mari et elle n’en aient été expropriés, leur ferme se trouvant dans le périmètre de ce qui est devenu une réserve naturelle. Depuis qu’elle est veuve, elle est hébergée en ville chez sa fille.
Abby, elle aussi élevée dans une ferme, se sent tout de suite en affinité avec Daphné qui va se révéler un témoin précieux sur le mode de vie des fermiers d’autrefois, alors que la jeune femme est mal à l’aise dans le milieu urbain que fréquente Cameron avec qui elle vivra cependant une histoire d’amour passionnée qui la délivrera des démons intérieurs de son passé.
Ce roman a le mérite de poser des questions d’une actualité brûlante : la protection de l’environnement, le poids de la parole des scientifiques par rapport à celui des médias, la violence inutile d’activistes de la cause animale n’ayant qu’une connaissance approximative de ce pourquoi ils prétendent se battre …
L’auteur décrit avec empathie le style de vie des habitants des petites villes du bush opposé à celui des citadins des grandes métropoles en montrant à quel point leurs intérêts sont divergents. Elle évoque aussi la place des aborigènes, premiers habitants de l’Australie, dans la société contemporaine australienne qui ne leur a reconnu une existence légale qu’à partir de 1967, date à laquelle ils ont pu accéder au droit de vote.
Karen Viggers sait de quoi elle parle, étant elle-même vétérinaire spécialiste de la faune sauvage et exerçant son métier dans divers milieux naturels quand elle ne se consacre pas à l’écriture. Son livre, par le biais de personnages attachants, est un plaidoyer convaincant pour la préservation d’une nature dont la flore et la faune sont menacées.
Valérie KROL
Mars 2022